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68 CHAPITRE PREMIER. — LES ORIGINES

à l'oracle, et non l'oracle à la poésie*. Ajoutons, s'il faut ici un témoignage, que la tradition favorable à Olen, c'est-à-dire à la poésie apoUinienne orientale, est rappelée et confirmée par une Béotienne * ; ce fait prouve que, même dans la Grèce centrale, les prétentions de Delphes étaient loin d'être accep- tées.

Que faut-il d'ailleurs entendre au juste par l'in- vention de l'hexamètre ? Il est bien clair qu'un orga- nisme aussi parfait n'a guère pu naître un beau jour tout formé de l'esprit d'un homme '. C'est l'expé- rience seule, selon l'observation d'Aristote, qui a dû l'approprier à sa destination *. On peut se faire au moins une idée de ses transformations pro- bables.

Le pied qu'on nomme dactyle est l'élément fon- damental de l'hexamètre'. Deux choses le carac- térisent nettement. Il est composé de deux temps égaux, et le temps fort y précède le temps faible; il faut ajouter que le second temps, bien qu'égal au premier, en diffère pourtant, puisque l'un est

1. L'oracle de Delphes d'ailleurs ne semble avoir pris toute son importance que postérieurement au grand développement de la poésie épique ionienne. Bouché-Leclercq, Hist. de la divination dans l'antiquité j Paris, 1879-1882, t. I, p. 359 et suiv.

2. Bœo, dans Pausan., X, 5 : Ilpâio; ô' ap)(^ot{(i)v Itc^ùiv TcxTT|vax' aotSav .

3. G. Hermann, Elem, doctrinx metricXy p. 331 : Nec saoe im- merito divinum quid habere visa est hujus versus inveotio, etc.

4. Aristote, PoétiquCy 24 : T6 8à [x^tpov t6 fjpcotxov âico x^ç la^paç jJpfjLOxev (se. T^ inoKQicf).., et plus loin : aûi^ f) 9601; SiSamst xo àpfidrcov auTTJ.

5. PhilologuSy t. XI, p. 328, article de E. von Leutsch sur Y Origine des noms des pieds grecs. L'auteur établit que le dactyle est le pied le plus ancien et qu'il y a eu d'abord une poésie pare- ment dactylique (p. 349).

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