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88 CHAPITRE PREMIER - LES ORIGINES

pour elle. Elle croit aux héros comme elle croit aux (lieux, sans leur (icmander d'où ils viennent. Ce que la science moderne analyse, elle, au contraire, le synthétise spontanément. 11 n'y a point pour elle d'éléments divers dans la légende; celle-ci esta ses yeux quelque chose de vrai dans toutes ses parties, un ensemble vivant, qui a ses racines partout et qui s'alimente incessamment à toutes les traditions anciennes.

Il n'est pas douteux que les héros n'aient figuré dès Torigine dans les hymnes religieux de la Grèce primitive : les uns, parce qu'ils étaient dieux eux- mêmes, les autres, parce que, issus des dieux, ils avaient place naturellement dans des récits qui embrassaient toutes les choses divines. Les hymnes formaient une sorte de cycle sans cesse élargi; les héros y eurent do jour en jour plus d'importance.

Bien îles choses durent contribuer à les mettre en laveur. Plus ils devinrent distincts des dieux, plus ils furent aptes à intéresser les honunes. Malgré tout ce que l'imagination grecque avait pu faire pour humaniser les dieux, ceux-ci devaient cependant ganler, à moins do déchoir complètement, une gran- deur et une puissance qui les maintenaient toujours lV>rt au-dessus do rhumanitô. On leur attribuait, il est vrai, des passions, dos craintes, des joies, et «lémo, dans une assez largo nu^suro, des peines et dos sourtVancos. Toutefois il lallait bien qu'ils échap- passent du moins à la mort : cola sullisait pour qu'ils fussent on toutes choses dans une condition diffé- rente de celle des hommes, Los hon-is au contraire pouvAienl mourir, et. bien que doués do qualités merveilleuses, ils étaient honunes. (Votait h'i pour eux« nu pi>inl de vue do la poosio. un avantage no- lablo. Poètes et auditeurs s'idoutitiaiont avec eux

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