Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VI
PRÉFACE

Denys d’Halicarnasse et de Quintilien donnent bien l’idée de cette sorte de critique. Le Brutus de Cicéron et le Dialogue des orateurs de Tacite sont plus historiques peut-être par certains côtés, mais on voit bien cependant qu’il n’y a pas lieu de chercher là non plus des ancêtres directs aux historiens modernes des littératures. — Du moyen âge, bien entendu, rien à dire. Arrivons donc à la Renaissance.

Dès le milieu du xve siècle, en Italie d’abord, ensuite en France et dans toute l’Europe occidentale, un élan puissant emporte les esprits vers l’étude de l’antiquité. La beauté de l’art antique, et en particulier de l’art grec, avait donné le branle aux imaginations : l’humanisme fut la première forme des études sur l’antiquité. Le besoin d’approfondir vint ensuite et produisit la philologie.

Le xvie siècle hérite de ces deux tendances et se partage entre elles, plus philologue peut-être dans sa première moitié, plus humaniste et lettré dans la seconde.

Le célèbre manifeste de Joachim du Bellay exprime bien le sentiment des purs lettrés à l’égard des anciens : il ne s’agit pas à ses yeux de les étudier en historien, en spectateur désintéressé, pour le seul plaisir de savoir au juste et de comprendre ce qu’ils ont été ; il s’agit avant tout de leur dérober le secret de leur beauté toujours jeune. On a hâte de s’abreuver à la source fraîche, vraie fontaine de Jouvence qui fait des miracles. On a mieux à faire, semble-t-il, que de les aimer platoniquement ; il