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154 CHAPITRE II. — ANALYSE DE LILIADE

Insensible aux consolations et aux craintes de sa mère, le héros ne songe qu'à venger son ami, et par conséquent il renonce implicitement à sa colère contre les Achéens : une nouvelle passion prend dans son cœur la place de Tancienne. Thétis alors promet à son fils des armes pour remplacer celles qu^Hector a prises à Patroclc, et cette promesse est évidem- ment Tobjct principal de la scène, qui se relie ainsi étroitement à tout Tépisode de la Fabrication des armes. Que faut-il d'ailleurs en penser? L'énuméra- tion des >*éréidcs, leur rassemblement dans la grotte de Thétis, leur arrivée en long cortège auprès de la lente d'Achille, leurs pleurs, leur départ, tout cela est d'un goût plus descriptif que la vieille poésie homérique. En revanche les sentiments d'Achille sont peints avec force et grandeur; son désespoir et son dévouement passionné à l'ami qu'il a perdu nous touchent profondément; et lorsque, après le départ de Thétis, il s'avance au bord du fossé sur l'ordre d'Iris et arrête par son cri la poursuite des Troyens qui veulent arracher aux deux Ajax le corps de Palrocle, l'invention est saisissante. Aussi a-t-on essayé de dégager dans cette première partie du dix-huitième livre les éléments anciens des additions postérieures *;mais cela n'a pu être fait encore d'une manière satisfaisante, et il parait plus naturel, quant à présent, de la considérer comme un tout digne de figurer à coté des beaux morceaux du poème. — Ce début du XVllP livre forme donc un magnifique commencement de drame, dont Eschyle profitera un jour; mais aussitôt après, l'action se divise d'une manière fâcheuse ; plus d'unité ni de progrès : au lieu d'une construclion simple et grande en larges

1. Voir rédition de W. Christ.

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