Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE XXIII 163

Le XXIIP livre se compose de deux morceaux étendus. Le premier (v. 1-256) est le récit des funé- railles de Patrocle. Ce qui manque le plus à ce récit, c'est la grandeur, par conséquent le caractère essen- tiellement homérique. Tout y est décrit avec conve- nance, les sentiments comme les actions, sans que le poète toutefois semble jamais s'oublier lui-même, ni s'élever au-dessus de son art. Le court épisode du message d'Iris auprès des vents, qui tardent avenir allumer la flamme du bûcher de Patrocle, est carac- téristique de cette manière; la poésie n'y sort pas naturellement des choses, mais l'auteur s'efforce de les orner pour les rendre poétiques. Au récit des funérailles proprement dites fait suite celui des jeux funèbres célébrés par Achille en l'honneur de Patrocle (v. 257-897). Ce second morceau du XXIP livre a été jugé par quelques critiques très supérieur au premier*. 11 renferme en effet de réelles beautés dans sa première partie, mais l'ordonnance n'en est rien moins que satisfaisante. Le poète nous dé- crit successivement huit jeux différents, ce qui est trop. L'attention se fatigue, et il en a tellement conscience lui-même, qu'il sent bientôt le besoin de se hâter. La course des chars est seule racontée en détails, avec d'ingénieuses péripéties qui la rendent très dramatique. Mais ensuite le narrateur passe ra- pidement sur le pugilat, la lutte, la course à pied, le combat singulier, le jeu du disque, le tir à l'arc et le concours du javelot'. Son désir d'abréger est par-

��1. Bergk, Griech. lÀter., t. I, p. 639.

2. Il est vraisemblable que trois de ces jeux, le combat singulier, le jeu du disque, le tir à l'arc ont été ajoutés après coup. Cela ré- sulte des deux passages où Achille (v. 621-623) et Nestor (v. 634-640) ne meutionucnt que cinq jeux (Lacbmann, BeirachLy p. 86, et

��M

�� �