Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

234 CHAPITRE IV. — L'ART DANS L'ILIADE

riqiics. Elles traduisent avec force et sincérité l'im- pression voulue, mais elles ne se contentent pas de la traduire, et autour de cette impression elles développent volontiers toute une scène qui mérite d'être admirée pour elle-même. Grâce à cette am- pleur, elles étendent de la manière la plus heu- reuse l'horizon du poème. Dans un récit de guerre, elles nous font voir incidemment, et comme par d'ingénieuses échappées de vue, des scènes de chasse, des épisodes de la vie rustique ou urbaine, et plus souvent encore les aspects divers de la nature. Par là, elles ne contribuent pas médiocrement à Tagréable variété du poème.

Beaucoup d'entre elles d'ailleurs sont remar- quables par leur valeur descriptive. En mettant sous les yeux de ses auditeurs des scènes de la vie com- mune qui leur sont familières, le poète sait tra- duire d'une manière saisissante l'aspect imaginaire des grandes scènes de guerre qu'il raconte. Veut-il peindre deux fronts de bataille opposés l'un à l'autre ?

« Semblables, dit -il, à deux lignes de moissonneurs qui s'avancent Tune vers l'autre à travers les sillons dans un champ de blé ou d'or«(e, riche domaine, et qui font tomber devant elles les épis en gerbes épaisses, ainsi les Troyens et les Achéens, s'élançant les uns contre les autres, frappaient devant eux ^ »

Quelquefois elles étonnent notre goût moderne par une familiarité hardie et expressive. Ajax, pressé par une foule irennemis, assailli d'une nuée de traits, ne rcHiile pourtant que pas à pas; toute son éner-

^i(î s'est tourné(* en une obstination hér()ï<|ue

1. Iliade, XI, G7 cl siiiv.

��� �