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LES DISCOURS 237

dans les cités grecques lorsque VIliade prit nais- sance, et par suite il y a aussi une éloquence pu- blique dans ce poème lui-niénie*. Cette éloquence a été admirée à bon droit dans l'antiquité comme elle l'est de nos jours; mais elle Ta été d'une manière qui n'est pas toujours parfaitement juste. Le pas- sage principal de Quintilien sur Texcellence ora- toire d'Homère est classique*. On y sent très forte- ment une tendance fâcheuse, consistant à louer chez le poète homérique l'emploi d'une foule de procé- dés ingénieux, qui n'ont été classés et dénommés que beaucoup plus tard dans les écoles de rhé- teurs. Certes, il y avait de l'adresse déjà et du calcul dans l'éloquence publique, telle qu'elle a pu être pratiquée par les contemporains de Y Iliade^ et il est tout naturel par conséquent qu'il y en ait aussi dans les discours que le poète prête à ses héros. Ceux-ci parlent comme des hommes habitués à réfléchir, qui ont le sentiment de l'elfet qu'ils veulent produire, et qui ne laissent pas flotter leurs pensées ni leurs paroles au hasard. Que l'on puisse en conséquence observer chez eux une sorte de rhétorique, nous en

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1. Consulter à ce sujet Fr. BInss, Die attische Beredsamkeity lutroductiou ; G. Perrot, L'Eloquence politique et judiciaire à Athènes, cli. I; Maurice Croiset, De publicae etoquentiae principiis apud Graecos in homericis carminibus.

2. Instit. orat.j X, 1, 46 : Ilic enim (Homcrus)... omnibus clo- quenliae pnrtibus exempluui et orlum (ledit; ... nec poetica modo, sed oratoria virtute cmineutissimus. Nam ut de laudibus, exhorta- tiouibus, consolatiouibus tacearo, nonne vel nonus liber, quo missa ad Âchillem legatio coutinctur, vel in primo iuter duces illa coulen- tio, vel dictae in secundo seutentiae omnes litium ac consiliorum cxplicant artes? ...Jam simililudines, amplifîcationes, exempla, digrcssus, signa rerum et argumenta, celeraque probandi ac refu-» tandi, sunt ita multa, ut etiam qui de artibus scripserunt, plurimi harum rerum testimonium ab hoc poeta pétant..., etc.

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