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LIVRE XX 315

ordonnée, nous retrouvons une série d'épisodes à peine liés entre eux, quelque chose d'analogue au dix-huitième livre ; c'est le vingtième. Les anciens l'appelaient simplement Avant le massac?*e des Pré- tendants (Ti Tcpo TfJ; MvT3T:rjp39ov{a;), et en effet ce titre, qui ne dit rien, est le seul qui convienne à un récit sans unité. Quelques-unes de ses parties sont pour- tant belles et même utiles à l'action générale ; par exemple le réveil d'Ulysse au lever du jour dans la cour du palais et les pronostics qui raccompagnent; ou encore l'arrivée du bouvier Philœtios, dont le caractère est tracé avec une exquise vérité. C'est un second Eumée, aussi dévoué que le premier à son maître absent, et il no pourrait guère figurer comme ii le fera au vingt-deuxième livre dans le massacre des prétendants, s'il n'avait été auparavant présenté déjà au public. Il faut donc bien que cette partie au moins du vingtième livre soit antérieure au vingt- deuxième. Il y a aussi une grandeur saisissante dans la prédiction du devin Théoclymène annonçant la mort prochaine des prétendants et dans la descrip- tion de la folie subite qui s'empare de ceux-ci. Mais ces beautés de détail ne peuvent nous empêcher de remarquer le défaut d'ordonnance de Tcnsemble et le manque d'une invention simple qui groupe ces scènes diverses en un ensemble vraiment drama- tique. On est surpris d'ailleurs de voir Télémaque (au vers 14i) sortir pour se rendre à l'assemblée, bien qu'il n'y ait aucune assemblée indiquée; on ne l'est pas moins d'entendre parler des préparatifs d'une fête splendide en Thonneur d'Apollon (v. 15G, puis 270 et suiv.), fête dont, à partir de ce moment, il ne sera plus qu'à peine question d'une manière incidente (XXI, 258). Enfin l'outrage fait à Ulysse par Ctésippe n'est qu'une répétition de ce que nous

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