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XXIII
PRÉFACE

semble ne fût pas enfin sensible à tous et urgent. Schœll, en 1813, publia une Histoire de la littérature grecque en deux volumes in-8. Le premier volume seul était consacré à l’histoire de la littérature grecque profane ; le second renfermait un précis de la littérature sacrée. Cette Histoire eut du succès. En 1822, l’auteur en donna une seconde édition tellement accrue et transformée que c’était en réalité un travail tout nouveau. Sous cette nouvelle forme, l’ouvrage avait huit volumes, exclusivement consacrés à la littérature grecque profane. Des notices bibliographiques assez nombreuses complétaient l’étude biographique et littéraire des écrivains grecs. Que le travail de Schœll ait rendu des services, c’est incontestable. Mais qu’il ait été le seul de cette sorte en France pendant plus de trente ans, c’est ce qui prouve à quel point l’esprit historique fut lent à y pénétrer l’érudition. Car cette Histoire, en somme, n’est qu’une compilation médiocre, œuvre d’un homme laborieux sans doute et consciencieux, mais sans ouverture d’esprit, sans finesse de goût, sans style, et peu capable même d’apprécier la portée des changements qui s’accomplissaient autour de lui. Quelques hommes, dans l’Université française, auraient pu, dix ou quinze ans plus tard, refaire l’œuvre de Schœll et l’améliorer singulièrement. Je ne citerai que l’excellent auteur des Études sur les Tragiques grecs, M. Patin. Non qu’il y ait toujours, même dans ce savant livre, toute la liberté d’esprit et de goût qu’on aimerait à y trouver : on sent par