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396 CHAPITRE VIII. — HOMERE ET LES HOMERIDES

aveugles (ôfii^pouç)*, les caisses publiques seraient bientôt vides . Mélésigène ne gagna donc à sa démarche que le nom d'aveugle fOjxYjpoç), qui lui resta désormais. Devenu ainsi Homère, il s'éloigne de Kymé, après avoir exhalé sa douleur et son indi- gnation dans des vers qui nous sont rapportés, et il se rend à Phocée. Là, mômes récitations dans les leschés. Son succès inspire au maître d'école Thes- toridès' l'idée d'un marché singulier. Il propose au poète de le nourrir, à condition que celui-ci lui per- mettra de s'attribuer ses poésies. Homère accepte, et compose pour lui la Petite Iliade et la Phocéide. Avec ce bagage poétique, Thestoridès abandonne Phocée et va s'établir à Ghios, pensant avec raison qu'il so ferait plus aisément passer pour poète devant des auditeurs qui ne le connaîtraient pas. Il réussit en effet, et bientôt le bruit do ses succès pousse Homère à quitter Phocée pour aller à Ghios démas- quer l'imposteur. Il se rend dans cette intention à Erythrées, y trouve des pécheurs qui refusent d'abord de le transporter, mais qui bientôt, rejetés à la côte par le vent et les flots, sont forcés de céder à ses prières. Ils le prennent avec eux et le déposent sur le rivage de Ghios près de Bolissos.

Accueilli par le pauvre chevrier Glaucos, Homère le charme par ses récils. Glaucos le conduit à Bo- lissos et rinlroduil auprès de son maître, qui confie au poète errant l'éducation de ses enfants. Homère

��1. L'auteur nous assure que les gens de Kymé appelaient ainsi les aveugles. Ce témoiijjnage, confirmé par la seconde biographie (jui esl attribuée à Plularijue et par celle de Proclos, n'en reste pas moins fort suspect.

2. On rcmar<juera que ce maître d'école porte le nom patrony- mique de Calchas (//., I, 69).

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