Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/453

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L'HISTOIRE PROBABLE 403

sans lesquels VIliade et VOdyssée seraient inexpli- cables. Homère a donc été là vraiment à l'école de Phémios, puisque le génie poétique éolien y a donné au génie ionien les grandes leçons dont celui-ci a si admirablement profilé bientôt après.

En réalité, c'est Chios qui est la patrie d'Homère, au sens propre du mot, car c'est bien là que s'est rencontré le grand poète qui a jeté, comme nous l'avons dit, les fondements de VIliade^, La légende nous représente Homère abordant en premier lieu à Bolissos, sur la côte occidentale de l'île, au pied du mont Pélimnoeos. Evidemment un détail aussi précis a sa signification, et cela d'autant plus qu'en venant d'Erythrées il n'était pas naturel que le poète prît terre sur ce point. Etienne de Byzance nous apprend que Bolissos était une ville éolienne. Des Eoliens étaient donc venus s'établir là au milieu de la popu- lation ionienne de l'île. Sans doute ils y apportèrent avec eux les légendes et les chants héroïques qui étaient alors florissants à Smyrne. Des aèdes éoliens de cette ville durent y être attirés dès qu'ils trou- vèrent là des hommes de leur race, et ainsi la poésie épique éolienne pénétra dans Chios.

Des témoignages anciens irrécusables attestent qu'il existait à Chios dans les temps historiques un Y^vo; qui s'appelait lui-même et qu'on appelait les Homérides ('0(xr^p{Sat)'. Que la signification de ce nom

1. Les principaux témoins en faveur de Chios sont Acusilaos, Pindare, Siinonide et Thucydide. Pindare, somblc-t-il, hésitait entre Smyrjie et Chios; on voit avec quelle raison. Consulter la première dissertation de Sengebusch, p. 157, 163, 166, 169, 140 et 147.

2. Harpocration, Lexique, 'Ofx7]p{8at; Strabon, XIY, 35; Suidas, Lexique, '0|JLT)p^$at ; Pseudo-Lucien, Eloge de Démosthèney 17; Scolinste de Pindare, NéméenneSy II, 1. Ou trouvera les textes

�� �