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414 CHAPITRE VIII. — HOMÈRE ET LES HOMÉRIDES

exclusivement à ces derniers, et on s'habitua à ne plus les désigner autrement. Celte nouvelle déno- mination prit faveur en un temps où Tusage de la phorminx commençait à être abandonné dans les ré- citations épiques. Sans doute les progrès nouveaux de la musique avaient rendu les auditeurs plus difliciles ; cet accompagnement primitif semblait monotone et insignifiant; on y renonça. En outre^ comme le génie épique allait s'afTaiblissant, ces artistes qui récitaient les vieux poèmes cessèrent d'être eux-mêmes des poètes. Ainsi le mot rhapsode prit dans l'usage un sens déterminé qu'il n'avait probablement pas eu à l'origine. II désigna ceux qui récitaient en public, sans accompagnement musical, des poésies épiques, dont ils n'étaient pas les au- teurs*.

Si l'histoire des rhapsodes nous était mieux connue, celle des poésies homériques le serait par là même; car ils furent incontestablement les propagateurs de cette poésie à travers le monde grec '. C'est sans doute l'arrivée de rhapsodes samicns à Sparte dans le cours du neuvième siècle, que la tradition mentionnée par Plutarquc représentait aliégoriquement, quand elle attribuait à Lycurgue rintroduction dans sa patrie des poésies homériques recueillies par lui dans la Grèce d'Asie^. Le génie doricn, à ce qu'il semble,

��1. Quand nous lisons, dans Atlicnce (XIY, c. xii), que des poésies d'Archiloque, de Simonide, d'Erapédoclc ont été rhapsodiéeSy cela veut dire par conséquent qu'elles ont été récitées sans accom- pagnement musical et sur une scène, avec l'appareil ordinaire des rhapsodes.

2. Sur les récitations rliapsodiques, cf. Scngebusch, première dissertation, p. 91, 128, 147.

3. Plutarqiie, Lycurgue, 4; Elien, Var. /list., XIII, 14; Héraclide

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