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442 CHAPITRE IX. — LA POÉSIE CYCLIQUE

plus récent de la légende, on voit par les vers mômes du poète comment toute la guerre de Troie était issue pour lui d'une sorte de nécessité inhérente aux destinées du genre humain. Zeus est déjà le dieu jaloux d'Hérodote, qui arrête l'essor de l'homme. Sa volonté, réfléchie et implacable, dominait tout le récit du poète. Après Zeus, c'était Aphrodite, la déesse de Chypre, qui y jouait, semble-t-il, le prin- cipal rôle. Hélène et Achille étaient les deux person- nages marqués pour l'accomplissement des desseins d'en haut. Le poète racontait les noces de Thétis et de Pelée, le jugement de Paris qui en fut la suite, l'en- lèvement d'Hélène, le rassemblement des Achéens, leur première expédition en Teulhranie, pays qu'ils avaient pris pour laTroade, puis leur second rassem- blement à Aulis, le sacrifice d'iphigénic, le débar- quement en Troade et les principaux événements du siège jusqu'à la querelle, notamment ceux auxquels il est fait allusion dans VIliade. Cette simple énu- mération suffit à montrer combien les Chants ajpriens contenaient de faits qui sont restés au premier rang dans la tragédie et dans la légende. Les quelques fragments qui subsistent, si insuflisants qu'ils soient pour nous faire connaître le poème, attestent tout au moins le talent descriptif de son auteur*.

On peut voir par les trois poèmes ou séries de chants* dont nous venons de parler comment le tra-

1. En particulier, le fragm. 14, où le poète décrit la parure d'Hélène.

2. J'emploie ici ces deux expressions simultanément parce qu'il me parait impossible de déterminer laquelle convient le mieux à ces œuvres nées précisément au temps où les séries de chants primilives étaient de plus en plus considéreras comme des poèmes. Dans toute évolution, les états extrêmes sont aisés à distinguer et par conséquent à nommer, mais non les étals intermédiaires.

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