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PRECEPTES ET SENTENCES 467

cette légende plus de valeur qu'elle n'en a, on peut au moins en conclure que les oracles versifiés de Delphes remontaient à une très haute antiquité'. Ces oracles étaient souvent rendus pour trancher des questions morales, et leurs réponses ressemblaient alors à s'y méprendre à telle ou telle courte série de vers moraux que l'on pourrait recueillir dans Hé- siode. Hérodote en rapporte un curieux exemple, qui remontait au commencement du vi" siècle '. Un certain Glaucos de Sparte consultait l'oracle pour savoir s'il ferait bien de s'approprier un dépôt au moyen d'un faux serment. Il lui fut répondu :

« Glaucos, fils d'Epikydidès, oui, il y aura profit pour toi quelque temps à déjouer la réclamation par un serment et à faire de ces biens ta proie. Jure, car l'homme qui respecte son serment n'est pas exempt de la mort. Mais le serment a un fils sans nom, qui n'a ni bras ni pieds ; et pourtant il vole à la poursuite du coupable, jusqu'à ce qu'il ait détruit dans son étreinte sa race tout entière et toute sa maison. Au con- traire la descendance de celui qui respecte son serment est heureuse d'année en année. »

Le dernier vers se retrouve mot pour mot dans les TravaxAX d'Hésiode'. De quelque façon que l'on veuille expliquer cette rencontre, elle montre clairement quelles relations étroites existaient entre cette poésie morale des oracles et celle que nous lisons dans Hésiode : les sept vers que nous venons de citer au- raient pu être transportés littéralement dans le poème

��1. Strabon, IX, 3, 5, parle de poètes attachés au temple pour mettre eu vers les oracles. Cf. Plut, dt Pyth. oracuL, 25. Nous D*avons aucun détail malheureusement sur Thistoire de cette curieuse profession.

2. Hérod., VI, 86.

3. Trav.y v. 285 : 'Avôpôç 8' Eudpxou yev£7î [leTOîcioOcv a(XE{v(DV.

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