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APOLOGUES ET PROVERBES 469

La finesse spirituelle de l'esprit grec se prêtait parti- culièrement à ce genre de création. Quant à l'apo- logue, quelle qu'en soit l'origine, rien ne convenait mieux à un peuple inventif et conteur que cette forme ingénieuse qui plaît en même temps à la rai- son et à l'imagination. Satire et drame à la fois, où l'esprit et la fantaisie trouvaient également leur compte ; on démontrait une vérité morale, et on imaginait une historiette ; l'allusion vivement saisie doublait l'agrément du récit. Les Grecs attendirent- ils jusqu'à la fin du vi* siècle, temps où une tradition plus que suspecte fait vivre le fabuleux Esope, pour user familièrement de l'apologue? Rien de moins probable. L'apologue est une des formes naturelles de l'improvisation malicieuse ; Archiloque l'em- ployait ainsi ; bien d'autres ont du le faire avant lui. Hésiode lui-même très certainement n'a pas été in- venteur à cet égard. Lorsqu'il racontait la fable de l'épervier et du rossignol, soyons persuadés qu'il ne faisait que suivre une mode déjà établie. Un peu plus tard, le goût des énigmes se répandra en Grèce: nous n'en trouvons guère de traces bien nettes dans la poésie hésiodique ; mais l'apologue est précisé- ment une sorte d'énigme en action.

Hésiode est vraiment ingrat quand il signale comme des lieux dangereux ces leschés où l'on se réunissait pour converser. Il leur a dû beaucoup. En hiver, c'est lui qui nous l'apprend, la tentation était grande pour le villageois béotien, quand il passait près de la forge où quelques amis causaient autour du feu, ou près de la Icsché abritée du vent et bien exposée au soleil. On s'entretenait donc là une bonne partie du jour; et de quoi, sinon des misères présentes, des mécomptes de la veille et des espéï*ances du lendemain? C'était là aussi sans doute que l'expé-

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