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HÉSIODE 477

un lieu désert'. Les deux récits ne sont pas incon- ciliables : le corps d'Hésiode a pu être ramené d'abord de Naupacte à Ascra, et plus lard transporté d'Ascra dans le tombeau d'Orchomènc*.

Une tradition ancienne, évidemment fondée sur une simple méprise, donnait pour fils à Hésiode le poète lyrique Stésichore'. Nous n'avons pas à y insister autrement.

Il est certainement impossible de tirer d'une bio- graphie aussi incomplète et aussi mélangée de fables une idée arrêtée du caractère de l'homme. Ce que nous en savons vient de ses œuvres mômes, et par conséquent c'est en étudiant son principal poème que nous pourrons utilement le mettre en relief. Toutefois quelques traits dominants de sa physio- nomie sont en rapport si étroit avec les circons- tances de sa vie qu'il est bon de les indiquer dès à présent en quelques mots.

Hésiode est un homme de labeur en même temps qu'un homme de génie. Ce double caractère est im- primé sur son œuvre. Habitué par la dureté de la vie à beaucoup de travail pour un médiocre résultat, il entreprend avec hardiesse une tâche considérable, celle de donner un corps à la sagesse populaire et traditionnelle, de la fixer dans un poème qui soit comme la loi écrite de la vie pour l'homme attaché à la terre. Plein de son idée, il envisagera en face toutes les peines, toutes les désillusions, toutes les

1. Plutarque, Comment, sur Hésiode^ c. 26.

2. De là sans doule la fable d'une résurrection d'Hésiode, qui avait été enseveli deux fois (à Naupacte et à Ascra). Proclus, dans le r^yo(, et Suidas, au mot 'HaioSsiov Yrjpa;, attribuent à Pindare l'épigramme suivante : Xaîce ôlç rjCrJcja; xal 8iç la^ou âvii6oX7[9a(, —

  • Ha{o8', âvOpcunotç [ji^Tpov e/^cov ao^^rjç.

3. Philocbore, chez le scoliaste des Travaux, v. 271.

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