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480 CHAPITRE X. — LA POÉSIE HÉSIODIQUE

et dont nous ignorons d'ailleurs les raisons sont à peu près sans valeur. Avons-nous donc, en dehors des témoignages, des arguments propres à nous dé- cider? C'est là, on peut le dire, toute la question ^ De nos jours, on s'est attaché principalement aux preuves qu'on peut appeler historiques. Les poèmes attribués à Hésiode, particulièrement la fin de la Théogonie et les Catalogues, renferment en grand nombre des noms de peuples et des noms de lieux; ils font allusion à des légendes qui cachent des évé- nements réels, et ceux-ci ne semblent pas toujours impossibles à découvrir. On a essayé de tirer parti de tout cela pour obtenir quelques dates certaines qui se rapportent généralement au viii® et au vu* siècle. Que vaut cette méthode? Pour nous, elle est abso- lument condamnée par un argument décisif: c'est que les poésies mises sous le nom d'Hésiode appar- tiennent manifestement à des auteurs qui ont vécu en divers temps et en divers lieux. A supposer donc qu'on pût déterminer ainsi la date où fut composé tel ou tel poème, qu'en résulterait-il relativement à la personne même d'Hésiode? D'ailleurs peut-on douter qu'un genre où les énumérations héroïques et les généalogies tenaient une si grande place n'ait du susciter plus que tout autre le zèle des intcrpola- teurs? Les archives de noblesse sont sujettes, comme on sait, à grossir en vieillissant, et nous ne pouvons nous dissimuler que les poésies hcsiodiques n'aient été souvent de véritables archives. Comment ne pas se demander par suite, lorsqu'on détermine une date,

��donios, dans Tzetzès, Exeg. in Iliad.y p. 19, 2 Herm. — Opinion des grammairiens alexandrins, Scol. Venet. Iliad., XXIII, 683.

1. Voyez, dans les Prolégomènes de GœUling déjà cités, la section II : De lempore, quo Ilesiodus vixerit.

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