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522 CHAPITRE XI. — LES TRAVAUX ET LES JOURS

ment du labour est marqué par le lever des Pléiades ; il sait qu'après être restées cachées pendant qua- rante nuits, elles reparaissent au-dessus de Tho- rizon a lorsqu'on aiguise le ferV » La connaissance familière des mœurs des animaux et de la vie des plantes s'associe tout naturellement à celle des astres. 11 a en toutes ces matières sa science de village, faite de remarques quotidiennes et d'impres- sions sans cesse ravivées, dont sa poésie profite. La fin de la canicule, qui est le temps des premières pluies, c'est pour lui le moment où le corps se sent plus léger et plus souple, tout rafraîchi par cette humidité bienfaisante qui succède à l'été dévorant; il note que le bois est alors bon à couper, <c car les vers ne s'y mettent pas*. » On est ravi à chaque ins- tant, en l'écoutant parler, de tous ces détails cu- rieux, sur lesquels d'ailleurs il n'insiste jamais. Si l'on a lardé à labourer, nous dit-il, on peut encore réparer cette négligence à la dernière heure, « lors- « que le coucou chante dans les feuilles du chêne et « qu'il réjouit les mortels dans toutes les parties de (( la terre; » mais il faut souhaiter alors a que Zeus « verse la pluie le troisième jour sans s'arrêter, et « que Tcau couvre la corne du pied d\in bœuf sans « rester au-dessous ni monter au-dessus'. » Cette précision n'est-clle pas charmante? Elle nous montre rallenlion qu'il donne à ces choses, riinporlancc qu'elles ont pour lui et ses auditeurs, et par con- séquent mille sentiments derrière une seule image, ce qui est Tessence même de la poésie.

Nous touchons là au trait le plus caractéristique

��1. Travaux j v. 387.

2. Travaux^ v. 413-421.

3. Travaux, 486-489.

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