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546 CHAPITRE XII. — LA THEOGONIE

place se rattache par une alliance importante à un autre groupe plus jeune ; c'est avec celui-ci, pour ainsi dire, qu'il entre dans l'histoire, et voilà pour- quoi le poète les a réunis. Son ordonnance générale est droite et simple, mais sans raideur. C'est un constructeur savant, si l'on veut, ou encore une sorte de stratège de l'armée divine, ancêtre lointain de Xénophon qui décrira un jour avec tant de goût les belles évolutions militaires, et, comme son descen- dant, s'il aime à la passion l'ordre et la symétrie, il l'aime en véritable Hellène, toujours souple et ingénieuse.

A l'origine des choses, trois êtres primordiaux. Au delà d'eux dans le passé, il n'y a rien, car ils sont eux-mêmes le commencement; ni l'imagination ni la tradition helléniques ne remontent alors plus en arrière. Quels sont ces trois êtres? Chaos, c'est- à-dire probablement l'espace vide, Gaea ou la Terre, Eros enfin ou l'Amour. Eros n'a point de postérité ; Chaos n'a enfanté que peu de temps; Gaea seule est vraiment féconde. Les premières générations consti- tuent le monde; toute une cosmogonie se laisse voir en abrégé dans des indications rapides ; la masse terrestre s'organise, la hnnicrc se dégage des ténè- bres, le ciel se déroule au-dessus des montagnes naissantes, la mer se repose dans son lit profond. Phénomènes mystérieux, nullement décrits, mais contenus et comme voilés dans quelques noms ex- pressifs, Erébos et Nyx, Ethcr et Ilcméré, Ouranos et Pontos* (116-132).

Alors commence à proprement parler Timmense

1. Sur la cosmogouie hésiodique, H. Flacli, Das System der hesiodischen Kosniogonie^ Leipzig, 1874; Th. H. Martin, Mémoire sur la cosmographie grecque à l'époque d'Homère et d'Hésiode, 1874.

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