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UNITÉ PRIMITIVE DU POÈME 555

Il faut ajouter que chacune des parties, prise en elle-même, est trop peu de chose pour constituer une œuvre indépendante. Elles n'ont de valeur et de force, qu'à la condition d'être assemblées, comme elles le sont dans le poème actuel. Quelques-unes des lignées énumérées seraient même absolument insignifiantes, séparées de celles qu'elles complètent: celle de Grios a trois vers, celle de Kœos en a sept ; mais l'une et l'autre sont indispensables dans l'en- semble des généalogies des Titans, qui remplissent presque tout le poème. Enfin le parallélisme même de toutes ces lignées serait inexplicable, si l'on n'admettait qu'une intelligence organisatrice a tout distribué : il y aurait des rencontres, des contradic- tions, des confusions; certains noms appartiendraient à la fois à plusieurs généalogies distinctes; d'autres, qui sont indispensables, ne se trouveraient nulle part. Le monde divin, dans la Théogonie ^ offre l'aspect d'une belle et nombreuse armée, rangée comme pour une revue; chaque groupe y est à sa place et ne comprend que ceux qu'il doit comprendre; comment admettre que des bandes, venues successivement de côté et d'autre, eussent pu réaliser sponlancment une si exacte ordonnance?

Mais il faut aller plus au fond des choses. On pourrait, tout en reconnaissant dans la Théogonie l'œuvre d'un organisateur, supposer qu'il s'est con-

��étudiée principalement avec la dissertation de Schœmann, De com- poêitione Theogoniae^ Opusc, t. II, p. 479-509, et celle de Kœclily, De diversis hesiodeae Theogoniae partibus, Zurich, 1860, bien que DOU8 n'acceptions d*aillcurs les conclusions ni de Tun ni de l'autre. Sur les interpolations, consulter Scliœmaun, Dv interpolationibus Theogoniae, Opusc, t. II, p. 425-464; sur quelques parties perdues, GceUling, Praefat., p. xxxix.

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