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560 CHAPITRE XII. — LA THEOGONIE

ment parler. Il vise manifestement à l'instruction, et non à l'édification. C'est le besoin de savoir qui l'a suscité et c'est à ce besoin qu'il s'est proposé de ré- pondre. Avant d'être lu, il a du être récité comme un chant épique, devant le même public et par les mêmes interprètes. De là les accroissements et les remaniements dont nous avons pu donner une idée en l'analysant. Plus il conquit d'autorité, plus la tentation fut forte pour ceux qui le récitaient d'y in- sérer soit des fragments d'autres poésies, soit des compléments de leur propre invention. Et il dut en être ainsi jusqu'au jour où il y eut un texte défini- tivement arrêté, c'est-à-dire jusqu'au temps de Pisis- trate*.

Toutes ces observations déterminent d'une manière approximative la date de la Théogonie, Nous avons dit déjà qu'elle n'était pas d'Hésiode et qu'elle était pos- térieure à ce poète. D'après le témoignage formel de Pausanias (IX, 31), les Béotiens de l'Hélicon ne reconnaissaient comme œuvre authentique d'Hésiode que les Travaux. Si l'on songe à la tendance qu'avaient toutes les cités grecques à revendiquer la gloire d'avoir vu naître les grandes compositions poétiques, on ne peut nier que ce désaveu n'ait en réalité, quoi qu'on en ait pu dire, une certaine gravité. Le pre- mier début de la Théogonie^ tel que nous avons essayé de le rétablir plus haut, est encore plus décisif. Ce- lui qui l'a composé se donne pour l'auteur du poème, et il se distingue d'Hésiode : il faut réellement faire violence au texte pour en tirer un autre sens. Sa

��de son édition d'Hésiode (scct. V). Elle a trouvé en général peu de créance.

1. Il est fait allusion au travail ordonné par Pisistrate à propos des poèmes d'Hésiode dans Plutarque, Vie de Thésée, 20.

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