Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/619

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LANGUE ET VERSIFICATION 569

aisément par celle des sujets. Moins ancienne que les Travaux par la dale, la Théogonie est plus rappro- chée des hymnes primitifs par la tradition. Il n'est pas surprenant qu'elle en ait gardé quelque chose dans sa structure et dans son langage. L'uniformité du développement de la phrase poétique mérite par- ticulièrement d'y être remarquée. Elle est si sensible que quelques critiques l'ont attribuée à un système de composition strophique*. D'après eux, le poème primitif aurait été formé d'une série de groupes de vers, tous égaux entre eux, et ces strophes auraient été altérées plus tard par des interpolations. La difficulté d'appliquer cette conjecture à toutes les parties du poème devait suflire à la faire rejeter ; elle a conduit au contraire le plus hardi de ces cri- tiques, A. Kœchly, à une seconde conjecture* plus compliquée encore. Au lieu d'un seul système de strophes à demi effacé, ce sont deux systèmes su- perposés qu'il a cru retrouver ; le poème, selon lui, aurait été d'abord composé en strophes de trois vers : plus tard ces strophes ternaires auraient été remaniées une à une de façon à former des strophes de cinq vers, en même temps sans doute que d'au- tres strophes quinaires étaient ajoutées ; double tra- vail, méconnu et à demi détruit dans la suite, lorsque l'arrangement définitif eut lieu. C'est là pour nous un véritable jeu de combinaisons, la fantaisie d'une critique à qui rien d'ingénieux ne semble téméraire. Mais il faut avouer que ces hypothèses mêmes eus-

��1. Soetbeer, Versuch die Urfonn der Théogonie nachzuiveisen, Berlin, 1837. Gruppe, Ueber die Théogonie des Ifcsiod, Berlin, 1841. G. Hermaun, De Hesiodi forma antiquissima, 1844 (Opusc.^ t. VllI). A. Kœchly, De diversis hesiodeae Theogoniae partihus^ Zurich, 1860 {Opusc. philol., t. I).

�� �