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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/72

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INTRODUCTION

-grec. Cette transformation fut graduelle, et il n’est pas douteux qu’elle ait commencé à se produire de bonne heure ; mais il est certain aussi que, pendant toute la période classique et encore au temps de Denys d’Halicarnasse, c’était le caractère mélodique (et non le caractère rythmique) qui prédominait dans l’accent, au moins parmi ceux qui parlaient avec élégance et correction. On élevait la voix sur la syllabe accentuée, mais on ne la renforçait que faiblement. Voilà pourquoi la versification grecque classique est complètement indépendante de l’accent ; rien ne prouve mieux à quel point celui-ci différait dans l’antiquité hellénique de ce qu’il est aujourd’hui. La transformation ultérieure de l’accent entraîna la disparition de ce système de versification : on est en droit d’en conclure qu’il ne se serait jamais établi si l’accent eût été à l’origine ce qu’il fut dans la suite. Quand la syllabe accentuée fut distinguée des autres par un renforcement très sensible de la voix et qu’elle fut devenue la seule syllabe longue du mot, les vers d’Homère et de Sophocle sonnèrent faux. Il fallut créer un système de versification fondé sur l’accent, puisque celui-ci avait fini par tout absorber. Mais pendant de longs siècles, les trois éléments essentiels de la musique du langage, à savoir l’intensité du son, sa durée et son acuité, étaient restés distincts et indépendants les uns des autres. L’accent grec était donc délicat autant que musical. Il se posait avec légèreté sur les mots sans les écraser ni les déformer. C’était une fine note qui faisait ressortir une syllabe, mais qui laissait discrètement aux autres leur valeur. Il était en outre varié. Au lieu de s’attacher exclusivement, comme l’accent latin, à la pénultième et à l’antépénultième, il se portait fréquemment sur les finales ; et lorsque celles-ci