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INTRODUCTION

rodote, la prose concise et forte de Thucydide, le langage merveilleux de Platon, mêlant toutes les grâces et toutes les splendeurs de la poésie aux plus subtiles finesses de la métaphysique, le parler simple et précis de Xénophon, si net, si juste, si élégant, et enfin l’éloquence de Démosthène, c’est-à-dire le pur langage de la raison et de la passion, également lumineux et pathétique.

Nous n’avons rien dit jusqu’ici de la diversité des dialectes. C’est qu’elle n’a pour nous qu’une importance secondaire à côté de celle des caractères généraux de la langue. Toutefois, elle est trop brillamment représentée dans l’histoire de la littérature, pour que nous la passions entièrement sous silence.

Les dialectes qui ont été parlés dans la Grèce ancienne sont loin d’être encore classés d’une manière absolument méthodique et définitive[1]. Dans un pays divisé en une foule de petits États, qui ne se composaient parfois que d’une ville et de quelques bourgades confédérées, il était impossible que le langage parlé n’offrît pas des variétés presque infinies. Mais ces particularités locales, extrêmement intéressantes pour la linguistique, ne comptent pas dans la littérature. Celle-ci ne connaît que quelques types principaux, l’Ionien, le Lesbien, le Dorien, l’Attique, et enfin ce qu’on a nommé la langue commune.

  1. L’opinion de l’antiquité à ce sujet est exprimée par Strabon (VIII, 1, 2) qui établit en quelque sorte le tableau de répartition des dialectes. Mais il ne donne que les grandes lignes de cette répartition et ne s’occupe nullement d’un classement détaillé et vraiment scientifique. Il y a pour lui quatre dialectes répartis en deux groupes : l’Ionien et l'Attique constituent le premier, l’Éolien et le Dorien le second. Le point de vue moderne est tout autre. G. Meyer (Griech. Gramm., p. xii) l’expose ainsi : « Die alte Eintheilung