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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/186

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174 CHAPITRE IV. — POÉSIE lAMBIQUE

n*était pas non plus, du moins en général, simplement récitée. Elle avait un mode d'exécution spécial, créé pour elle, qui a passé ensuite dans la tragédie, et que les Grecs appellent xapaxaTaXoy^ K Le sens du mot n est pas dou- teux. Il s*agit d'une récitation rythmée, mais non mélodi- que, accompagnée du jeu des instruments : pendant que ceux-ci jouent un air, le poète dit ses vers sans les chan- ter, mais de manière à suivre le mouvement de la musique. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui Toxécution mélodra- matique, intermédiaire entre le chant et la simple récita- tion. Âristote déclarait ce procédé très pathétique ^, et le sentiment des modernes est d'accord à cet égard avec celui des anciens. La discordance entre les deux éléments de l'exécution, l'un parlé, l'autre musical, produit une impression très forte; Tâpreté satirique de l'iambe devait s'y accentuer avec une grande puissance. D'autre part, ce procédé, qui n'était que la moitié d'un chant, convenait bien à une poésie déjà voisine de la prose par l'inspira- tion : ici, point do haut essor, mais un vol court, vif, tout près de terre, et si léger pourtant qu'on le sent ca- pable de s'élever. — Les instruments qui accompagnaient la poésie iambique n'étaient ordinairement ni la cithare ni la flûLe : c'étaient Viambyké pour les iambes chantés et le klepsiambos pour ceux qu'on déclamait comme il vient d'être dit ^; nous ne connaissons d'ailleurs ni l'un ni l'autre ^. — Ajoutons enGn, au sujet de la manière dont on exécutait les iambes, que l'usage de les réciter sans aucune musique s'introduisit de bonne heure, plus

��4. Plutarque, DeMus,t c. 28. Cf. Christ, Die Parakaialoge im Griech. und Rômischen Drama (Mémoires de rÂcadémie de Munich, 1875, t. XIII, p. 153 et suiv.).

2. Probl., XIX, 6.

3. Phyllis de Délos, dans Athénée, XIV, p. 636, B.

4. Aristoxéne les considérait comme d'origine étrangère. Cf. Athé- née, IV, p. 182, F.

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