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ARGHILOQUS 181

égalemeot de là qu*il dut mourir avant d'être vieux, puisqu'il était en âge de porter les armes : il avait peut- être alors une quarantaine d'années. Ce serait bien d'ac- cord avec l'image (|ue sa poésie nous donne de sa per- sonne; on se représente volontiers Archiloque comme un poète jeune ou du moins dans la force de Tâge ; il a une verve, une hardiesse brillante qui conviennent mieux à l'âge des aventures qu'à celui de la réflexion et de la sagesse.

Les inventions rythmiques et musicales d'Archiloque passaient pour nombreuses. Outre les différentes sortes d'accompagnement musical dont nous avons parlé plus haut, on lui attribuait l'invention du trimètre iambique et celle du tétramètre trochaïque. C'est lui encore qui le premier, disait-on, avait associé ensemble soit des vers d'étendue inégale (trimètres et dimètres, épodes, etc.), soit des rythmes de forme différente (iambes et trochées) ou même de nature hétérogène (rythmes à trois, à qua- tre, à cinq temps) K Arcliiloque a probablement moins inventé qu'on ne le croyait. Ce qui le prouve, c'est qu'on lui attribuait parfois aussi l'invention du vers élégiaque, qui ne lui appartient certainement pas, celle des rythmes crétiques, que d'autres rapportaient avec plus de vrai- semblance à Thalétas, et même celle du vers prosodia- que, qui est une des plus anciennes formes de la versifi- cation grecque. Même en ce qui concerne la poésie iam- bique, on ne saurait affirmer que ni le trimètre ni le tétramètre ne fussent usités avant Archiloque dans le culte de Déméter. Le rythme iambique était si naturel à la langue grecque que souvent, suivant Aristote,on fai- sait des vers iambiques par mégarde, en causant ^. Les Grecs durent vite saisir le rapport de cette forme vive,

��1. Pluiarque, De Mus. ^ c. 28.

2. Poétique, c. 4 (fin).

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