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218 CHAPITRE V. — LA CHANSON

Au milieu de ces aventures, Alcée trouva le moyen d'être un grand poète. C'est sa vie même qui Tinspira : ses amours, ses plaisirs, ses souffrances, ses haines ont passé dans ses vers. Ses poésies formaient au moins dix livres K Si nous les avions dans leur intégrité, toute son histoire serait vraiment sous nos yeux; par malheur, il ne nous en reste que des fragments (cent cinquante en- viron), dont beaucoup se réduisent à un mot; nous ne pouvons plus qu^entrevoir et deviner le poète. Denys d'Halicarnasse loue chez lui Taudace généreuse et la brièveté, le mélange de la grâce et de la force, la variété des Ggures, la clarlé -. Quintilien dit à peu près la même chose ^ Tous deux vantent d'une façon particulière ses chants politiques, dignes du plectre d'or , au dire de QuintilienS et dans lesquels, suivant Denys, il a merveil- leusement saisi le ton du sujet, une certaine vigueur ora- toire qui rappelle la tribune '.

Ces chants formaient certainement une partie capitale dans l'œuvre d'Alcée : la politique a tenu tant de place dans sa vie qu'il ne pouvait en être autrement. Les frag- ments qui nous en restent sont parmi les plus impor- tants. Ils ne suffisent cependant pas pour nous permettre d'y voir clairement les qualités qui provoquaient les éloges précis et chaleureux à la fois des deux critiques anciens. Pour le fond des choses, Quintilien en loue l'ins- piration morale {plurimum moribus confert) : cette appré-

��1. Athénée, XI, p. 481, A.

2. *AXxatou 6è oTtiTcei t6 (teyaXoirpeiràc xa\ ppax^> '**' ^fi^ }^^hL fietvô-

XéxTfa) xexâxtoTai {Jugements sur les anciens, 8).

3. Quintilien, InsL or., X, 1, 63.

4. In parte operis aureo plectro merito donatur qua tyrannos insec- tatus multum etiam moribus confert,

5. ... Ka\ Tcpb ÀndtvTcov tb tûv tcoXitixcov icpaYptaTcov ^6oc* itoXXaxoO YoOv tt tic TO (jiTpov icepiéXoi noXttixV âv rtc svipoc ^T)Topcîav (mss. et édit. pTjTopixYjv.»» itoXixeiav). Cf. Quintilien : plerumque oratori similis.

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