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LE PÈAN 271

temps, qu'on appelle tantôt péonique^ et tantôt crétique^ conduit à la même conclusion ^ Il est à noter aussi que le fondateur du péan littéraire, Thalétas, est un Cretois. Quoi qu'il en soit, si le péan est d'origine Cretoise, il est certain du moins qu'il se répandit de bonne heure dans toute la Grèce, puisque V Iliade le montre fort en usage. Un trait un peu extérieur, mais très caractéristique, du péan, et qui le faisait tout de suite distinguer des autres genres plus ou moins analogues, c*était une in- vocation formée des deux mots 'l-n Ilaiàv, qui revenait à des intervalles réguliers : on appelait cela le refrain du péan (:raui)vixov g:rt(p06yaa)*. Cette invocation s'adressait à Apollon, quelquefois appelé Ilaiàv par les Grecs ' ; on entendait par ce mot « guérisseur » ou « protecteur* ». On invoquait le dieu soit pour lui demander son secours dans le péril, soit pour le remercier après qu'on y avait échappé. Aussi le péan était-il un chant joyeux : même quand on appelait le dieu à l'aide, la conGance l'emportait sur la crainte. L'allégresse du péan s'oppose au chant triste du thrèneet aux lamentations ^ Il arriva d'ailleurs pour le péan comme pour tous les autres genres que son emploi s'étendit déplus en plus : consacré d'abord, sem-

��1. Tlaicov et icaidtv ne sont que des variantes dialectales du même mot.

2. Athénée, XV. p. 696, E-F et 701, G-F. Le péan, dans l'Hymne à Apollon Pythien^ s'appelle IrjiraicSv, à cause de ce refrain. On ne sau- rait affirmer que le refrain n'ait jamais disparu de la forme savante du péan, chez Pindare, par exemple. Mais il est certain qu'il se ren- contre dans les péans plus ou moins populaires que les inscriptions nous ont conservés. Cf. les péans d'Athènes (*AOr,vaiov, i877, p. 143), d'Epidaure ('EçTri[i£p\; àp/atoXoY., 1885, p. 69) et de Menschieh en Egypte (Revue Archéologique, 1889; article de J. Baillet).

3. Eschyle, i4.7am., 144; Sophocle, (JEdipe-Roi^ 154; Aristophane, Guêpes, 874; Euripide, Alceste» S20; etc.

4. Uésychius, v. ^ûva^ Ilattov.

5. iEschyle, Choéph., 340. Dans Sophocle, Œdipe- Roi^ 5 6, le péan, quoique associé aux (rrevarpiaTa, s'en distingue aisément.

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