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g06 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

amassa, dit Hérodote, beaucoup d'argent. Quand il vou- lut revenir en Grèt^o, il prit passage à Tarente sur un navire corinthien. Mais on sait Thistoire de ce retour : les matelots voulurent le tuer pour, le dépouiller de ses richesses; Arion obtint de chanter une dernière fois en s*accompagnant de la cithare : il chanta le nome orthien, dit Hérodote, et se jeta à la mer vêtu de son riche cos- tume de citharède. Tandis que le navire s'éloignait, un dauphin, charmé par la musique d'Arion, le recuoillit, le transporta au cap Ténare, et lui sauva ainsi la vie. Arion revint à Corinthe où il Gt punir ceux qui avaient voulu le mettre à mort. Un petit monument ea bronze, déposé dans le temple du cap Ténare, y conservait encore, au temps d'Hérodote, le souvenir de ce fait extraordi- naire ^ Quelle réalité se cache sous cette légende? Est- elle née d*un monument figuré mal compris? ou, comme il arrive si souvent aussi, de quelques vers du poète lui-même interprétés à contre-sens ? Élien rapporte comme étant d*Arion des vers où le poète, dans un hymne à Poséidon, rappelait cette aventure ^. Si les vers étaient authentiques, il faudrait y voir la source do la légende; mais il est impossible de les accepter pour tels. Sans parler de certaines formes de métrique et de style qui suffiraient à les rendre suspects aux bons jugés, la description même du sauvetage y est trop précise pour qu'on y pût voir aisément ce qu'il faudrait y voir s'ils étaient authentiques, une simple allégorie ^ On est donc obligé de regarder ces vers comme un morceau de date

a nommé le dithyrambe, selon Hérodote, comme Homère et Hésiode uni donné aux dieux leurs surnoms (II, 53) : le nom imposé et con- sacré est la marque de Torganisalion dôûnitive.

1. 'Aptovoc âarl âvaôy||jLa x^Xtuo^^ oO {ki^oL iiti Taivàpti), ini ScXçTvoc iiccùv avOptono; (Hérodote, l, 24).

2. Élien, Ilisl. des Anim,, XII, 45; Bergk, Poet. lyr, gr,^ t. III, p. 80 (872 de la 3« édition).

3. Bergk, Griech. LU., t. II, p. 240, n. 136.

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