Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/343

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Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, Ibycos avait çomposé d’autres sortes de poèmes. Le souvenir qu’il avait laissé dans l'antiquité était surtout celui d^un chantre de l’amour, d^un admirateur passionné de Id beauté des jeunes gens 1. Cicéron, après avoir rappelé l'ardeur amoureuse d’Alcée et d’Anacréon, dit qu’Ibycos l’emportait encore sur eux 2. Suidas résume la tradition courante en disant dans sa notice qu’Ibycos avait été très sujet au délire de l'amour ^. On rapprochait souvent son nom de celui d’Anacréon. Il est clair que, sinon les plus nombreuses, du moins les plus célèbres de ses poésies, et en particulier celles qu’il avait composées à la cour de Polycrate, roulaient principalement sur le thème de l'amour. A cause de cela, les critiques ont eu longtemps l’habitude de ranger Ibycos, avec Anacréon, à la suite des Lesbiens, parmi les maîtres de la poésie personnelle et monodique. Aujourd’hui encore, quelques savants, tout en admettant qu’il avait composé d’abord des hymnes à la façon de Stésichore, croient qu’il s’attacha, dans la seconde partie de sa vie, à la poésie monodique \ C’est fort invraisemblable. Il suffit de, parcourir les fragments qui nous restent de ses œuvres pour être sûr que c’étaient des poèmes destinés à être chantés par des chœurs : la nature des vers et leur enchaînement ne laissent aucun doute à ce sujet ; même dans les fragments dont l’accent est le plus personnel, on reconnaît la grande strophe chorale telle que Stésichore l’avait créée; ce n’est point du tout là le procédé des Lesbiens et d’Anacréon. S’il était vrai qu’Ibycos eût composé des chansons proprement dites, il faudrait admettre

1. Cf. An. thol. palai., IX, 184: ... *118y t€ wiiOoOc, — *I6jxe, x«l 7cat8a>v âv6oc â(iTi<Tâ[tev£.

2. Maxime vero omnium flagrare amore Rheginum Ibycum apparat ex scriptis {TuscuL, IV, 33, 74).

3. ’Ep(DTO(jLavé(7TaTo; Tcepl (leipâxia.

4. Flach^p. 605 et 608.