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SIMONIDE 351

Dans la nacelle artistement faite, emportée par les vents en fureur et par l'onde soulevée, pâle de crainte et les joues cou- vertes de larmes, elle entoura Persée de ses bras et dit : « O mon enfant, que j'ai de peine 1 Toi, tu dors, et ton cœur en- fantin repose dans cette affreuse demeure aux clous d'airain, au milieu des ténèbres de la nuit et de l'obscurité redoutable. Et sur tes beaux cheveux quand passe la vague profonde, tu n'y prends garde, non plus qu'au murmure des vents, couché dans ta couverture de pourpre, 6 charmant visage M Ah t si le danger pour toi était le danger, ton oreille délicate serait at- tentive à mes discours. Je t'en prie, dors, mon petit; dorme aussi la mer; dorme l'immense fléau. Montre-nous, ô Zeus, montre-uous une volonté plus clémente; si mes paroles sont trop hardies, pour mon enfant, pardonne-les moi *.

Nous n*avons parlé jusqu'ici que dos poèmes lyriques de Simonide. Du style des élégies, nous dirons peu de chose (il a été question ailleurs des épigrammes); les fragments qui nous en restent sont trop courts pour qu'on puisse faire autre chose que conjcclurer ce qu'elles étaient. Le seul fragment un peu long (quatorze vers ^) est consacré au développement de ce vers d'Homère,

Olrintp fxiXkfkiif yeveij, rotij ^k xal «ve^piv,

et à une sorte de causerie sur ce thème. Le poète aboutit à cette conclusion que, vu la brièveté de la vie, l'homme doit tâcher de vivre doucement. Je ne sais pourquoi quel- ques savants * veulent attribuer ce morceau à Simonide d'Âmorgos. Il est tout à fait dans Tesprit et dans le ion du poète de Géos. Il n'y a pas jusqu'à cette manière de s'ap- puyer sur un texte qui ne soit, nous l'avons vu, tout à

1. Je traduis la vulgate : icp&vcoicov xaXov irpoça^veav. Bergk conjec- ture : 7cp6(Ta)irov xXiOèv icpoa-coicco («visage appuyé contre mon visage »); correction charmante, mais trop peu sûre.

2. Fragm. 37.

3. Fragnu 85.

4. Bergk» L. de Sybel.

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