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IDÉES RELIGIEUSES ET MORALES 877

puissance ^ Il parlo souvent de la Fortune et de la Des- tinée, mais ce ne sont là que des noms qui désîpfnent Tac- lion même des dieux: Zcus fixe le cours fatal des événe- ments; de lui relève la Destinée. Aucune laideur physi- que ou morale n'approche des dieux : Villus/re boiteux Vulcain, si souvent mis en scène par Homère, n'appa- raît pas chez Pindaro. Les dieux savent tout. Ils n'ont besoin pour cela d'aucun intermédiaire, d'aucun messa- ger. Ce n'est pas un corbeau, comme le racontait la lé- gende, qui instruisit Apollon de rînfidclité de Coronis : c'est son regard divin, qui franchit toutes les distances et qui est « le plus rapide des messagers » ; car « le mensonge ne l'approche pas, et ni mortel ni dieu ne sau- rait, par SCS pensées, tromper son regard infaillible^. » Ailleurs, à la vue de la nymphe Cyrènc, sentant son cœur brûler d'amour, le dieu interroge le Centaure Ghiron sur ce qu'il doit faire. Mais celui-ci n'est pas dupe de cette feinte ignorance. 11 sourit, et prononce ces pa- roles magnifiques, où le poète rassemble, pour ainsi dire, toutes les beautés de la nature vivante sous le regard divin d'Apollon :

Pour toi, que ne saurait eftleurer Terreur, c*est sans doute quelque souriante fantaisie qui te fuit ainsi parler. Me deman- des-tu donc la race de cette vierge, ô roi, toi qui sais le terme où aboutissent toutes choses, et qui connais toutes les voies; combien la terre au printemps fait jaillir de feuilles, combien de cailloux dans la mer et dans les (leuves sont agiles par les caresses des vagues, et ce qui doit être, et les causes de ce qui sera 3.

L'idée do la perfection divine amène naturellement celle de Punité essentielle de la divinité. Les êtres sont

1. Pylh. X, 77-78.

2. Viilh. III, 46-5i.

3. Pyth, IX, 75 et suiv.

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