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414 CHAPITRE VII. — PINDARE

n'ira pas y chercher une proposition proprement dite, avec un sujet, un verbe et un attribut. Il en est quelque- fois de même de l'idée lyrique. Un certain entrelacement d'images et de pensées, fournies sans doute par les cir- constances extérieures, mais colorées par Timagination du poète et qui s'appellent les unes les autres comme les notes d^un chant, peut laisser dans Tâme de l'auditeur ou du lecteur une impression difûcile peut-être à formuler avec précision par les procédés logiques et abstraits de la prose, mais cependant nette et profonde.

Dans la xiv® Olympique, d'une brièveté si gracieuse, ridée lyrique est de ce genre. L'ode est adressée à un enfant, Asopichos d'Orchomène. Le poète effleure rapi- dement tous les groupes d'idées que les lois de son art lui offraient : louange directe du vainqueur, mention de son père, prière aux divinités d'Orchomène, etc. Au mi- lieu de cette variété, Téloge des Grâces, dans son aima- ble éclat, domine évidemment. C'est cet éloge qui donne au poème sacouleur générale. Deux nuances s'y ajoutent: l'une, doucement mélancolique, ramène le souvenir des auditeurs vers ceux qui ne sont plus ; l'autre, de nouveau gracieuse et riante, associe ensemble dans les derniers vers de charmantes images d'enfance et de gloire. Toute l'ode est si courte que l'esprit l'embrasse aisément tout entière et ne songe pas à la trouver obscure. On ne sau- rait pourtant résumer la pensée fondamentale de ce déli- cieux poème en une maxime abstraite.

II en est de même de la i""^ Pylhique, si pleine de traits admirables, si claire en apparence dans la plupart de ses allusions historiques, et dont l'idée générale, Tunité in- time, a provoqué tant de discussions. Cette pensée n'est nulle part et elle est partout ; elle n'est nulle part for- mulée d'une manière abstraite et ne pouvait guère l'être; mais elle inspire tout le poème. Car elle consiste essen- tiellement dans ce parallélisme, si profondément senti

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