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CONCLUSION 457

bre des œuvres. Elle Ta été aussi par son influence, sinon par sa valeur absolue. Cette valeur, eu somme, parait avoir été médiocre. Les poèmes mystiques, comme les oracles, n ont guère été sans doute, quant à la forme, que d'assez pâles imitations de la littérature profane. Quant au fond, ce goût de Tétrange, ces rêveries compli- quées et puériles, qui jurent si singulièrement avec le ferme bon sens de la grande poésie grecque, cette ten- dance à croire aux formules et aux pratiques, sont les signes d'un état d'esprit dangereux. Cela menait tout droit aux plus mesquines superstitions, et on le vit clai- rement un peu plus tard, quand les Orphiques eurent donné naissance aux Orphéotélestes du iv" siècle. C'est là le côte médiocre et inquiétant du mysticisme grec. Pour être juste, pourtant, il faut en reconnaître aussi les aspects plus élevés, par lesquels seuls s explique le res- pect d'un Pindare, d'un Eschyle, d*un Sophocle. Car on ne doit pas croire que les esprits communs aient été les plus disposés à s'y complaire : c'est plutôt le contraire qui est vrai. Le mysticisme a été, pour beaucoup d'âmes vraiment nobles, un rêve bienfaisant et consolateur. A ce titre, il mérite indulgence. De plus, il a fourni aux Heraclite, aux Platon, mainte donnée obscure ou bizarre, mais féconde, que leur génie a transformée en croyant peut-être seulement l'interpréter; il a donc été pour quelque chose dans l'apparition de la philosophie reli- gieuse.

Il a eu sans doute aussi un autre effet pour lequel on lui doit plus que de l'indulgence, un sentiment de gra- titude : c'est de développer dans l'âme grecque une cer- taine faculté d'enthousiasme et d'exaltation qui, pour dangereuse qu'elle soit en elle-même, n'en est pas moins une force. Il a très probablement contribué aux progrès du dithyrambe et de la tragédie. On est amené h le croire quand on voit d'une part le rénovateur du dithyrambe.

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