HERACLITE 507
on voie de transformation *. Tantôt le feu, s*éteignant, devient terre et eau; tantôt Teau, à son tour, se sèche, devient terre, puis retourne à Tétat do feu ^. Du haut en bas et du bas on haut, la route des transformations est unique ^ Vainement les hommes voient partout des op- positions et des différences : les contraires sont identi- ques ; la vie et la mort, le sommeil et la veille» le jour et la nuit, l'hiver et l'été, la guerre et la paix sont même chose au fond ^. Les oppositions apparentes se ramènent en somme à une harmonie, comme, dans un arc ou une lyre, la contrariété des deux branches ou des deux mon- tants ^
La nouveauté de ces idées était grande. L'unité fon- damentale de la matière, assurément, était déjà impli- quée dans les doctrines des premiers Ioniens ; mais qui no voit combien la différence est profonde entre une doc- trine implicite et une idée aussi nettement afGrméo que Test celle-ci dans Heraclite? Sans Xénophane, il est pro- bable que le philosophe d'Ephèse n'eût pas conçu l'u- nité do l'Être avec cette rigueur. Ce qui peut étonner, c'est que, proclamant avec tant de force l'unité chan- geante de la substance éternelle, il paraisse en même temps considérer la forme du feu comme primitive et fonda- mentale entre toutes, alors qu'en réalité, selon son sys- tème, toutes les formes do la matière devraient, semble- t-il, être également transitoires et secondaires. Il n'y a pourtant pas lieu d'être trop surpris do cette légère, mais très certaine inconséquence ; il ne faut pas non plus cher- cher à la pallier, ou la rejeter sur notre connaissance insuffisante de rensemblo du système. Heraclite obéit,
1. Fragm. 27 et 49.
2. Fragm. 31 et 59.
3. Fragm. 32.
4. Fragm. 46, 86, etc.
- '), Fragm. 93.
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