Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/542

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(|uo la vraie raison d’être des choses doit être cherchée dans leur cause finale. C’est de quoi se plaint Platon par la bouche de Socrate dans le Phédon *, et c’est par là qu’Anaxagore reste malgré tout le disciple et le successeur des physiologues ioniens. Une fois que l’Intelligence a mis les choses en mouvement et qu’elle a, selon le mot ^e Pascal, donné la « chiquenaude » initiale, il semble qu’Anaxagore ne sache plus qu’en faire ; il reste mé- Qaniàte dans le détail de ses explications. Quoi qu’il en spit^ le mot décisif est prononcé : c’est parce qu’Anaxagore a prononcé ce mot, que la philosophie grecque, avec Socrate, va changer toute son orientation. On ne saurait exagérer l’importance d’une pareille innovation.

Anaxagore n’était pas seulement un métaphysicien; c’était un savant, et il a mieux connu que ses prédécesseurs un certain nombre des faits qu’il a entrepris d’expliquer. Au milieu de beaucoup d’erreurs astronomiques, il vit le premier que les éclipses du soleil étaient produites par l’interposition de la lune entre le soleil et la terre ^. 11 s’était livré à des recherches curieuses et souvent fines sur l’origine des sensations’.

Il ne semble pas qu’il ait particulièrement étudié les questions morales et religieuses. Que pensait-il de la destinée de l’âme, de la nature divine, du culte rendu aux dieux de la cité ? On ne sait trop. Pour ce qui est des dieux, il est probable qu’il acceptait l’usage des noms vulgaires à peu près comme faisait Heraclite ; maïs ce dont on ne saurait guère douter quand on songe à son explication des éclipses, à son idée que le soleil est une pierre en ignitîon, à son effort constant pour trouver les causes naturelles des phénomènes ^, c’est qu’il ait

4. Phédon, p. 97, B.

2. Hippolyte, Réfutation des hérésies, I, 8 ; Plutarque, Nicias, c. 23.

3. Cf. Zeller, t. II, p. 423, trad. franc.)

4. Voir dans Plutarque, Périclès, c. 6, l’anecdote du bélier qui u’a-