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566 CHAPITRE X. — HÉRODOTE

plusieurs années après la bataille de Paprémis (455), dont il a vu le théâtre ^ une partie au moins de ces voyages est postérieure à son départ d*Halicarnasse. Il est permis de se demander s*il n'en est pas de même des autres, au moins des plus lointains. La politique avait dû jusque-là lui laisser peu de loisirs. A ce moment, au contraire, il est libre de toute attache et encore jeune. Nulle période de sa vie ne pouvait être plus favorable à l'exécution de ses desseins ^ Il alla en Egypte jusqu'à Éléphantine; en Perse, jusqu'un peu au delà de Suse; vers le nord, jusqu'au Bosphore Cimmérien : c'est du moins ce qui ressort de ses propres affirmations ; nous ver- rons plus tard ce que valent les objections élevées con- tre elles. Ajoutons qu'il visita la Phénicie, laCyrénaïque, Cypre et diverses parties du monde grec, sans parler de la Grande-Grèce, où nous le retrouverons tout à l'heure. Déjà l'idée de son ouvrage commençait à se former dans son esprit et il en avait même écrit quelques frag- ments. Une tradition le montre, en 446, à Athènes, fai- sant une lecture publique, et recevant de la cité, sur la proposition d'Anytos, une récompense de dix talents^

i. Jl, i3.

2. On fait remarquer d'ordinaire que la qualité de sujet du Grand- Roi dut rendre plus faciles pour Hérodote ses voyages en Asie et en Egypte, et qu'il faut par conséquent les placer avant le renversement du pouvoir absolu de Lygdamis. Mais, comme le voyage en Èjjypte est certainement postérieur à 455, et que, dès 454, llalicarnasse figure parmi les alliés d'Athènes, il faut bien admettre qu'Hérodote put aller en Egypte après avoir fait acte d'hostilité contre Lygdamis, Tami du Grand-Roi, et lorsque déjà sa patrie était passée sous Thé- gémonie athénienne. On ne voit pas, alors, ce qui pouvait Tempé- cher d'aller en Asie dans les mômes conditions. Il est probable qu'aussitôt après la mort de Gimon, les relations entre Grecs et Barbares devinrent assez bonnes pour permettre des voyages de ce genre.

3. Diyllos, dans Piutarque, Malignité dllérodoteyC. 26; cf. Kusélie, Chron., Iftî). On racontait aussi (Marcellin, Vie de Thucyd , 5i) que Thucydide enfant avait assisté à une lecture faite par Ilérodolo à

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