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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/598

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586 CHAPITRE X. — HÉRODOTE

sincérité , malgré la défaveur qui s'attache alors aux amis d*Âthèocs dans la plus grande partie du monde grec K Nulle exagération d'ailleurs : il parle de Marathon et de Salamine simplement, bien que ce soient des vic- toires athéniennes. Il ne dissimule ni les rivalités, ni les hésitations qui faillirent compromettre le succès. On a fine- ment relevé quelques traces de son peu de goût pour les Ioniens, dont il était pourtant, et dont il ne voulait pas être ; mais Tctude la plus attentive a relevé chez lui des tendances légères plutôt que des injustices caractérisées'. Il montre les Thébains, il est vrai, sous un jour odieux, et c'est de quoi Plutarque est surtout fâché; mais ce n'est pas la faute d'Hérodote si les Thébains se sont mal con- duits. Tliucydide, sur ce point, est d'accord avec Hérodote, et Pindare lui-même témoignerait en faveur de sa véra- cité. Les attaques dont l'ingénuité d'Hérodote a été l'ob- jet s'expliquent si facilement soit par la passion même de ceux qui les ont énoncées, soit par le goût de certains écrivains grecs pour les inventions frivoles et déni- grantes, qu'elles n'ont aucune valeur ^ Au total, rien ne saurait prévaloir contre l'impression générale de candeur, de sincérité, de modération, qui se dégage de tout l'ouvrage d'Hérodote. Il faudrait des raisons posi- tives bien fortes pour détruire cette impression. Or les raisons alléguées, à mesure qu'on y regarde de plus près, se dissipent et s'évanouissent.

1. VII, 139.

2. Cf. A. Hauvctto, Hérodote et les Ioniens, dans la Revue des Etudes grecques, 1888. p. 257-2%.

3. Voir, par exemple, rhistorietle sophistique rapportée par Dion Chrysostome {Disc. XXXVII, p. 103, Ileiske), qu'Hérodote, n'ayant pu obtenir des Corinthiens pour une lecture la somme qu'il voulait, raconta comme il l'a fait (VIII, 9i) leur rôle à Salamine.

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