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590 CHAPITRE X. — HÉRODOTE

de ces derniers. Le fond de sa croyance lui vient direc- tement de la vieille épopée. Comme il a beaucoup voyagé, il connaît une foule de dieux étrangers que les anciens poètes ne connaissaient pas et qu'Hésiode n avait pas mis dans ses catalogues. Mais il n'en est pas embarrassé. Ces dieux nouveaux ne sont au fond que les mêmes dieux sous d'autres noms. Un syncrétisme large et hos- pitalier s'élait formé de lui-même sur les conGns du monde grec et du monde barbare. Hérodote l'accueille sans hésiter : sous les dieux égyptiens ou asiatiques, il retrouve tout de suite les dieux grecs. En somme, c'est toujours rOlympe d'Homère et d'Hésiode auquel il croit. Il faut seulement y ajouter les dieux des mystères, peu connus au temps de l'épopée, et qu'Hérodote voit en grand honneur autour de lui. Il se fait initier aux mys- tères, aussi bien à ceux do Sais en Egypte qu'à ceux de Samolhrace, en vertu de ce syncrétisme facile qui concilie tout. Très pieux, il obéit scrupuleusement aux règles de silence qui sont imposées aux initiés, et la seuje considé- ration qui puisse lui faire taire ce qu'il sait, c*est la crainte de manquer à la discrétion religieuse. Car les dieux ne sont pas pour lui des êtres de raison relégués dans je ne sais quelle région lointaine et inaccessible. Ils sont sans cesse mêlés à la vie humaine; ils agissent sur elle par leurs oracles, parleurs apparitions, par les miracles qu'ils accomplissent, par leur volonté providen- tielle, qui tourne les événements à la fin qu'ils ont en vue. Le merveilleux est partout dans Hérodote, comme il était partout dans la vie grecque de son temps. Non qu'il ac- cepte les yeux fermés tout récit miraculeux qu'on lui ap- porte; il y a des miracles qu'il admet et d'autres qu'il re- jette; mais il est difficile de voir quelles raisons le déci- dent. S'il ne croit pas que des colombes aient parlé ^ il

1. IT, 57.

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