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LA LANGUE ATTIQUE 19

plus solides. Mais ils se gardent bien d'outrer ce procédé ; et ils s'abstiennent d'en user, quand il aurait pour effet de défigurer les radicaux ou de faire disparaître des sons dé- licats, nécessaires à la variété du langage*. Leur phonéti- que est donc faite de conciliation comme leur génie même. Il est vrai que le dialecte attique s'est modifié quelque peu dans le cours des deux siècles que nous avons ici en vue. On distingue l'ancien attique du nouveau, la guerre du Péloponnèse marquant approximativement la fin de l'un et le commencement de l'autre. Nous noterons plus loin, chez les divers écrivains de ce temps, les caractères d'ar- chaïsme ou de nouveauté qui leur sont propres. Au point de vue général que nous nous proposons ici, cette dis- tinction est peu importante. Car, si de Tancien attique au nouveau il y a un adoucissement incontestable, les ca- ractères essentiels du dialecte n'en restent pas moins les mêmes.

Ces caractères avaient frappé les contemporains. L'au- teur du Traité delà République athénien7ieTemQ,Tqus.ii que la langue d'Athènes était mélangée comme ses mœurs, et il l'expliquait par des emprunts faits à tous les Grecs et même aux barbares^. Il ne parait pas douteux en effet que la façon dont la population de l'Attique s'était formée et plus tard les relations qu'elle entretint avec presque tous les peuples de la Grèce n'aient été pour beaucoup dans ces particularités de son langage. Par suite, bien qu'il fût propre aux Athéniens, il n'était en quelque sorte étranger à aucun Grec. C'est ce qu'Isocrate faisait heu- reusement ressortir, quand il le louait d'être « tempéré et commun à tous ». Rien ne fait mieux comprendre avec

!. Par exemple, ils disent Séopiev et non 6oOfj,ev. Des contractions telles que celle d'IauToO en aÛToû semblent avoir rencontré une sorte de résistance instinctive, puisque la forme contractée n'a jamais réussi à expulser la forme ouverte (Meisterhans, ouv, cité. p. 121). Notez encore les formes ^aaiXéaç, Tiôéaaiv, 6i66a(riv.

2. [Xénoph.], Républ. athén,, U, 8.

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