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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/36

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24 CHAPITRE II. — ORIGINES DE LA TRAGÉDIE

formes diverses qu'il prit successivement, la tragédie, avec le drame satyrique qui en dépend.

De même que Tépopée et le lyrisme, la tragédie, avant de se manifester au grand jour, eut, pour ainsi dire, une existence obscure et inconsciente dans Tâme du peuple. Elle s'y forma lentement, s'y accrut peu à peu et y pré- para de loin sa destinée future. Ce qu'on peut discerner d'elle dans cette période embryonnaire se réduit à deux éléments : l'un, mimique, et l'autre, pathétique. L'im- portance du second est infiniment supérieure à celle du premier.

L'idée de représenter une action fictive comme si elle était réelle est si conforme aux instincts de l'imagination humaine, en particulier chez une race vive et impres- sionnable, qu'elle a dû être réalisée dès les temps les plus recules sous des formes multiples. Il serait facile de rele- ver en détail, dans mainte manifestation primitive du génie grec, des traces d'une mimique naïve, qui peut être considérée comme un lointain prélude du genre dra- matique K II nous suffira d'en dire ici quelques mots. Sans parler de Thyporchème, dont il a été question pré- cédemment ^ il est certain que, dans plusieurs sanc- tuaires helléniques, le culte local a donné lieu, dès la plus haute antiquité, à des représentations sacr-ées, dont on ne saurait contester le caractère dramatique ^ Nous en trouvons de telles notamment en Crète, à Délos, à Delphes *. Celles de Delphes, d'après l'idée que Plutarque

1. C'est ce qu'a fait, avec plus de zèle que de critique, Ch. Magnin dans le premier volume de son ouvrage sur les Origines du théâtre modeime, Paris, 1838.

2. Tome II, p. 273 et suiv.

3. Lucien, De la danse mimique, 15: TeXétyiv o06è fitav àp^atav eo-tiv eupsîv aveu ôpyi^o-ewç.

4. Danse mimique des Curetés en Crète, Strabon, X, 3, 2. La répavoç de Delphes représentait la délivrance des enfants voués au Minotaure, PoUux, IV, 101. Fêtes de Delphes, Plutarque, Questions grecques, XII.

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