SA LANGUE 413
tant, il est à remarquer que dans le Cydope^ où les idées de ce genre ne manquent pas, le poète évite manifeste- ment la crudité des termes *. Nul doute qu'à cet égard il n*y eût des différences assez sensibles entre les au- teurs. Nous sommes évidemment hors d'état de mar- quer aujourd'hui ces habitudes toutes personnelles. Ce qu*on peut affirmer, c'est que tous, à des degrés divers, usaient d'une certaine liberté commune, et, d'autre part, respectaient certaines convenances. Le drame satyrique appelait par leur nom beaucoup de choses vulgaires, que la tragédie désignait par des périphrases, ou dont elle s'abstenait de faire mention, par exemple des aliments, des ustensiles, des pièces du costume, des infirmités ou des maladies ^; il usait au besoin de termes injurieux em- pruntés à un vocabulaire très familier'; il recueillait des proverbes, des mots populaires, il en fabriquait même à son usage, quand cela lui semblait bon^. Mais toutes ces hardiesses n'effaçaient pas la distance entre ce drame et la comédie. Elles étaient jetées de côté et d'autre comme des touches vives, sans que pour cela la couleur gé- néral du tableau cessât d'être assez voisine de celle de la tragédie. Et c'est bien encore ce que veut dire Horace quand il recommande de ne pas s'attacher tellement à éviter la couleur tragique qu'on se croie obligé de faire parler un héros comme un petit marchand dans son échoppe. Il veut que les satyres eux-mêmes, sans s'expri-
1. Dans le fragment 174 d'Eschyle, elle est compensée par les épi- thètes composées et les expressions poétiques qui entourent le mot cru. 11 s'agit là d'un vase do nuit (Tr,v xàxoapiov oypavr,v), que l'on a brisé sur la tête du narrateur lui-même.
2. Sophocle, fr. 108 Nauck :
yépavoi, ^eXôivat, yXaOxeç, ixxTvoi, ^ayol.
Cf. 115. 383.
3. Sophocle, fr. 305 :
piaffTCYiat, xévTpwvEç, àXXoTpioçaYot.
4. Sophocle, fr. 306, 307, proverbes ; fr. 117, 176, 183, 184, 212, 3Û4.
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