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690 CHAPITRE XIII. — LA COMÉDIE AU IV* SIÈCLE

d'après le titre. Toutefois deux choses au moios sont évi- dentes. La première, c'est que toutes à peu près avaient une donnée fondamentale empruntée à la vie commune: plus de merveilleux ni de fantastique ; il s'agit manifes- tement de choses qui arrivent ou qui peuvent arriver tous les jours : un paysan, quelque peu niais, vient à la ville et s'y fait duper ou tourner en ridicule; deux hom- mes se trouvent porter le même nom, d*où résultent des confusions plaisantes. La seconde, c'est que la peinture des mœurs était un des éléments nécessaires de ce co- mique, voisin de la réalité. Toutefois gardons-nous ici d'une illusion. Parce que des pièces nombreuses portent des noms de pays, il n'en serait pas moins téméraire d'affirmer que les poètes y eussent peint avec des traits caractéristiques les manières des divers peuples de la Grèce. Une comédie était intitulée VÉpidaurien ou le By- zantin; il suffisait pour cela qu'à un moment donné un homme d'Epidaure ou de Byzance jouât un rôle décisif dans l'action. Et de même il ne faudrait pas croire que dans une pièce intitulée le JardiJiier^ le poète eût représenté nécessairement les mœurs propres aux jardiniers d'Athè- nes, à supposer qu'ils en eussent de telles. C'est là une idée qu'on rencontre quelquefois et qu'il faut rejeter abso- lument. Les litres qui viennent d'être énumérés prouvent seulement que le monde de la comédie était désormais le monde réel, et c'est de là qu'on est en droit d'induire d'une manière générale que les mœurs contemporaines y étaient nécessairement représentées.

Que fut l'intrigue dans la comédie athénienne pendant toute cette période et quelle était la valeur dramatique des personnages qu'elle mettait en scène? A défaut de documents précis, le peu que nous savons de la seconde question peut nous permettre dans une certaine mesure de répondre à la première. Si les poètes de ce temps, ou du moins si quelques-uns d'entre eux avaient su créer

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