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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/665

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L’ÉLÉGIE 653

grand de pièces distinctes, dans lesquelles on passait en revue les mœurs, les usages, les inventions industrielles, peut-être aussi les lois et les institutions de divers peuples, grecs ou étrangers, probablement avec Tintention de les opposer à ceux d’Athènes. Ces élégies avaient donc un caractère tantôt descriptif, tantôt moral, quelquefois même légèrement satirique. On y devait sentir, à travers l’humeur frondeuse de l’aristocratie athénienne, ce goût d’observation critique qui se développait alors en Grèce, et probablement aussi le scepticisme hardi dont Critias était un des représentants. Le style des fragments n’a rien de très distingué. L’élégie, par sa nature même, cô- toyait la prose, et elle avait toujours quelque chose de l’improvisation; les vrais poètes pouvaient tirer de là des grâces particulières; les autres n’échappaient guère aune certaine vulgarité. — Outre ses Républiques^ Critias avait composé des élégies de circonstance; il nous en reste une dizaine de vers. Les plus intéressants sont ceux par les- quels il saluait le retour d’Alcibiade après l’exil, en rap- pelant qu’il était lui-même l’auteur du décret de rappel *. Nous avons enfin sous son nom un autre fragment en hexamètres dactyliques, dont l’authenticité est moins certaine; ce sont dix vers sur Anacréon, qui ont dû faire partie d’un développement historique, où l’auteur, passant en revue les plus célèbres poètes, rappelait leurs inven- tions et les appréciait ^ C’était de la chronique ou de la critique versiBée;on peut douter que ce fût aussi de la poésie.

Le nom d’Antimaque de Colophon appartient bien plus

1. Bergk, Poet. lyr. gr., II, p. 282. Noter, dans le fragm. 3, l’em- ploi du vers iambique à la place du pentamètre dans le premier distique. C’est une fantaisie de poète de société, grand seigneur, qui se croyait tout permis et qui se moquait des règles avec une aima- ble désinvolture.

2. C’est là du moins la conjecture très vraisemblable de Bergk, Poet. lyr, gr.^ II, p. 283, note 10.

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