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dans les maladies aiguës ; Des épidémies (liv. I et III), et les Aphorismes[1]. Nous ne saurions être tout à fait aussi affirmatif[2]. Mais, sans entrer dans une discussion trop difficile et trop longue, on peut dire que ces conclusions sont en somme vraisemblables, et qu’à envisager surtout ces cinq ou six ouvrages on ne risque pas de se faire une idée trop inexacte, sinon d’Hippocrate écrivain, du moins de son esprit en général et de son influence.

Le style proprement dit est peu à considérer dans la plupart des ouvrages hippocratiques. Ce sont des livres de science pure, sans prétention littéraire, où l’auteur expose très simplement, très brièvement, soit des séries de petits faits notés avec soin, soit des conclusions pratiques qu’il tire de ces faits[3]. Notons seulement que les Asclépiades de Cos, bien qu’habitant une île dorienne[4], emploient toujours le dialecte ionien, c’est-à-dire le dialecte qui fut celui de la prose savante avant l’atticisme. Ces Asclépiades sont des savants de province, un peu arriérés dans leur langage, étrangers à la rhétorique, indifférents à Gorgias, à Isocrate, à la mode du jour ; ils en sont restés, pour le style, aux physiciens d’Ionie. Quelquefois, cependant, leurs écrits s’adressent au vrai public, aux profanes : c’est le cas notamment du traité De l’ancienne médecine ; et il faut bien alors, présenter à ce genre de lecteurs des idées qui puissent les intéresser, c’est-à-dire leur montrer le

  1. Cf. Littré, t. I, p. 292-439. – Gomperz (Mém. Acad. Vienne, 1890) attribué à Protagoras, le Περὶ τέχνης.
  2. Il est difficile, par exemple, de ne pas trouver une grave contradiction doctrinale entre la manière dont l’intervention des dieux est juge dans le traité Des airs, des eaux et des lieux ch. xxii, et le passage du Προγνωσικόν sur le θεῖόν τι dans les maladies (Littré, t. II, p. 99).
  3. Il y a même des écrits hippocratiques qui ne sont que des carnets de notes non rédigés.
  4. Voir les inscriptions de Cos dans Cauer, Delectus Inscr. græc.