Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t4.djvu/196

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longs résumés de ses livres. De là d’abondantes sources d’informations.

L’écrivain, pourtant, nous échappe, car presque aucun de ces extraits n’est littéral, et ceux qui le sont manque d’étendue. Nous en sommes donc réduits à croire les anciens sur parole. Ceux-ci s’accordent sur l’essentiel. Ctésias avait écrit dans le dialecte ionien, mais dans un ionien fortement mélangé d’atticisme ; peut-être même serait-il plus exact de dire : dans un dialecte attique teinté d’ionisme[1]. Quant à son style proprement dit, on en louait l’agrément, la clarté, la douceur un peu prolixe[2].

Comme historien, il eut le mérite de savoir beaucoup de choses et le grave défaut d’être étrangement dépourvu d’esprit scientifique.

Ce qui faisait la valeur et l’intérêt de son Histoire perse, c'est surtout qu’il avait pu lire les parchemins royaux (βασιλικαὶ διφθέραι) des archives de Suse[3]. Il y a pourtant, à ce sujet, des distinctions à faire. Sur les époques très anciennes, ces archives ne contenaient rien d’authentique : on y lisait, par exemple, des légendes relatives à Memnon, le fils de l’Aurore ; cela prouve assez que la rédaction en était relativement récente. Quant aux époques tout à fait modernes, il est clair que la flatterie devait y colorer parfois d’une manière peu véridique les événements fâcheux, par exemple au temps des guerres médiques. En résumé, ces archives pouvaient offrir à un historien scrupuleux des cadres chronologiques solides et d’utiles indications de détail pour les derniers siècles de l’histoire perse, mais encore fallait-il se donner la peine de contrôler

  1. Photius, p. 45 (Bekker).
  2. Démétrius, De l’Élocution, § 218 et 221. Cf. Denys D’Halic., Arrang. des mots, ch. x.
  3. Diodore, II, 32, 4.