Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t4.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La date exacte de sa naissance est inconnue. Mais lui-même nous avertit que, dès le début de la guerre du Péloponèse (431), il était en âge d’en prévoir l’importance et qu’il se mit tout de suite à en consigner par écrit les événements[1]. Il ne pouvait donc avoir, à cette date, guère moins de trente ans. Mais il n’en avait pas beaucoup plus, car il travaillait encore à son livre après 404, et il en écrivit seulement alors, selon toute apparence, une grande partie. S’il avait déjà dépassé, d’ailleurs, en 431, la quarantaine, on s’expliquerait mal qu’il eût subi si fortement non seulement l’influence de Périclès, mais aussi celle de la sophistique et de la rhétorique[2]. L’année de sa naissance doit donc être placée plus près de 460 que de 470.

Son père se nommait Oloros[3]. On sait que le grand Miltiade avait épousé la fille d’un prince thrace de ce

    personne et aux circonstances de sa vie. M. Ambroise-Firmin Didot, en tête de sa traduction de l’Histoire de Thucydide, a recueilli une trentaine de passages de ce genre chez les auteurs grecs et latins. En somme, c’est encore l’œuvre même de l’historien qui nous renseigne le mieux sur sa vie. Ce qu’il nous en dit est malheureusement très bref. — Parmi les biographes modernes il faut surtout citer, outre les divers éditeurs de son ouvrage : Krüger, Untersuchungen über den Leben des Thukydides, Berlin, 1832 ; Roscher, Leben, Werk und Zeitalter des Thukydides, Gôttingen, 1842 ; U. de Wilamowitz-Moellendorff, Die Thukydides Legende (Hermès, XII, p. 326 et suiv.), — La notice de Classen, en tête de son éditiun, est excellente. J’en ai donné une dans mon édition des deux premiers livres (Paris, 1886), L’Essai sur Thucydide, de M. Jules Girard (2e éd., 1884), est une étude littéraire d’une précision élégante et d’un goût délicat.

  1. Thucydide, I, 1, 1.
  2. Suivant un témoignage d’Aulu-Gelle (Nuits attiques, XV, 33), Pamphila, dame romaine qui écrivait en Égypte au temps de Néron et qui s’occupait de chronologie, donnait quarante ans à Thucydide en 431. Mais ce n’est là qu’un chiffre approximatif ; on sait que les Grecs fixaient à quarante ans ce qu’ils appelaient le point de maturité (ἀκμή) de la vie humaine, et qu’ils employaient volontiers ce procédé d'évaluation dans les biographies ; il était tout naturel de placer l’ἀκμή de Thucydide au moment où il avait commencé d'écrire son histoire. — Marcellin le fait mourir ὐπὲρ τὰ πεντήκοντα ἕτη, ce qui lui donnerait moins de soixante ans au début du IVe siècle. Il est vrai que cette indication a par elle-même peu d’autorité.
  3. Thucydide, IV, 104, 4.