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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


IV

Malgré les quelques inventeurs de fictions qui viennent d’être nommés, on a une certaine peine à imaginer qu’une société qui a compté tant de compilateurs ait pu produire aussi quelques poètes. Ce fait invraisemblable est pourtant vrai. Le ve siècle a eu ses poètes ; il a vu même une sorte de rénovation de la poésie.

Passons sans insister sur les versificateurs de cour qui charmèrent Arcadius, Théodose II, ou leurs successeurs ; sur Eusébios et Ammonios, dont il ne subsiste que les noms[1] ; sur Christodoros, dont il nous reste peu de chose[2] ; sur Jean de Gaza, dont il vaudrait mieux qu’il ne restât rien[3]. La vraie poésie du temps est l’épopée mythologique, reconstituée par Nonnos, et c’est à elle qu’il faut aller tout droit.

  1. Sur leurs poèmes relatifs à la révolte du Goth Gaïnas, et sur le succès qu’ils obtinrent, voir Socrate, Hist. eccl., VI, 6 et Etymol magn., Μιμαλῶνες (Mimalônes).
  2. Suidas, Χριστόδωρος Πανίσϰου (Christodôros Paniskou). Christodoros, de Coptos en Égypte, fut une manière de grand homme au temps de l’empereur Anastase (491-518). Il célébra la soumission de l’Isaurie révoltée dans une épopée en six livres (Ἰσαυριϰά (Isaurika)). Sa spécialité était de chanter les souvenirs glorieux des villes, de celles sans doute qui le payaient bien. Épopée en douze chants sur Constantinople, épopée en vingt-cinq chants sur Thessalonique, autres épopées sur Naclé de Syrie, sur Tralles, sur Aphrodisias, sur Milet, sur la Lydie, etc. Nous n’avons plus de lui que deux épitaphes emphatiques à la mémoire de son bienfaiteur Jean d’Épidamne (Anthol. Pal., VII, 697 et 698) et un poème, en 416 hexamétres, intitulé Description des statues destinées au Zeuxippe, gymnase de Constantinople (Anthol. Pal., l. II). Au point de vue littéraire, c’est peu de chose, mais c’est assez.
  3. Jean de Gaza, qui vivait vers 530, appartient à l’école de Gaza mentionnée plus haut. Il nous a laissé une description boursouflée d’une carte du monde (Ἔϰφρασις τοῦ ϰοσμικοῦ πίναϰος (Ekphrasis tou kosmikou pinakos)), conservée dans le ms. palatin de l’Anthologie, éditée par Fr. Graefe, Leipzig, 1822, et plus récemment par Abel, Berlin, 1882.