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L’ÉCOLE D’ATHÈNES


traits ou des fragments[1] : un seul, le commentaire sur les Vers d’or pythagoriciens, nous est parvenu dans son intégrité ; remarquable par la simplicité du langage, il se fait goûter aussi par l’élévation morale, par la sincérité du sentiment religieux[2].

Bien plus important par le rôle qu’il joua dans l’école est Syrianos, disciple lui aussi de Plutarque, auquel il succéda vers 431 comme chef d’école. Nous ne savons presque rien de sa vie ni de sa personne[3]. Proclos, qui fut son élève, parle de lui avec une vénération enthousiaste. Il se plaît à dire qu’il lui doit tout ; il le représente comme une sorte de révélateur inspiré[4]. Syrianos, selon l’habitude de l’école, commentait devant ses disciples les traités d’Aristote et ceux de Platon ; la lecture d’Aristote était comme une première initiation, comparée aux « petits mystères » ; celle de Platon constituait l’initiation finale et complète, la révélation vraiment divine. Le mérite du maître était d’y découvrir, devant ses fidèles éblouis, des profondeurs de spéculation qu’ils ne soupçonnaient pas. Un commentaire littéral, serrant le texte de près, aurait paru à ces esprits exaltés pauvre et froid. On savait gré au professeur de se transformer en hiérophante, on le suivait avec une admiration enthousiaste dans ses aperçus de haute spiritualité, dans ses effusions mystiques, comme aussi dans les développements subtils où il

  1. Photius, cod. 214, analyse son traité Περὶ προνοίας (Peri pronoias). Divers morceaux d’autres ouvrages de lui figurent dans le Florilège de Stobée. — Sur la doctrine de Hiéroclès, voir Zeller, t. V, p. 753.
  2. Éd. Mullach-Didot, Fragm. Phil. Gr., t. I, p. 408.
  3. La notice de Suidas (Συριανός (Surianos)) donne simplement une liste de ses écrits.
  4. Proclos, Plat. Theol., p. 216 : Καὶ παραδέδωϰεν ἡμιν τοῖς ἑαυτοῦ μύσταις ἀπηϰριϐωμένην τὴν περὶ αὐτῆς (Kai paradedôken hêmin tois eautou mustais apêkribômenên) (il s’agit de ἡ οὐρανοῦ βασιλεία (hê ouranou basileia)) ἀλήθειαν (alêtheian). Ibid., p. 20 : τὸν ἡμέτερον ἡγεμόνα, τὸν ὡς ἀληθώς βάϰχον, ὃς πρὸς τὸν Πλάτωνα διαφερόντως ἐνθεάζων (ton hêmeteron hêgemona, ton hôs alêthôs bakchon, hos pros ton Platôna diapherontôs entheazôn)…, etc. ; et ailleurs (in Tim., 315 B) ἄνωθεν ὢσπερ ἀπὸ σϰοπιᾶς τὰ ὄντα θεώμενος (anôthen hôsper apo skopias ta onta theômenos).