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DERNIERS POÈTES

vue de l’orthodoxie, le savoir doctrinal et philosophique approprié aux besoins du temps, fait disparaître jusqu’au désir de l’augmenter[1]. Il marque donc comme le terme extrême où vient expirer l’effort de la pensée grecque.


Ce rapide aperçu des derniers siècles de la littérature grecque chrétienne devrait être complété par quelques indications sur la poésie religieuse, s’il y avait vraiment en ce temps une poésie religieuse qui pût se rattacher à la tradition hellénique. Mais celle qui essaie de garder la forme classique se réduit vraiment à trop peu de chose.

Nous avons parlé plus haut de la paraphrase de l’Évangile de S. Jean par Nonnos au début du ve siècle et des poèmes religieux de Georges de Pisidie (commencement du viie siècle)[2]. Cela suffit pour caractériser ce genre, et nous n’aurions rien de plus a en dire quand nous jugerions à propos de citer des œuvres intermédiaires, telles que les récits dévots de l’impératrice Eudocie, femme de l’empereur Théodose II (408-450)[3]. — La vraie poésie religieuse de ce temps est celle des Chanteurs (Μελῳδοί (Melôdoi)), qui commence au vie siècle avec les hymnes de Romanos et se perpétue, non sans éclat, jusqu’aux Canons de Jean de Damas et de son frère Cosmas, au viiie[4]. Celle-là du moins est naïve et sincère, elle a sa beauté ; mais elle est doublement étrangère a la tradition classique : car, d’une part, elle s’inspire uniquement du pur sentiment chrétien, et d’autre

  1. Bardenhewer, § 89 ; Krumbacher, Gesch. d. byzant. Litter.
  2. Voir plus haut, p. 1000 et 1002.
  3. Eudociæ Augustæ reliquiæ, éd. A. Ludwich, Bibl. Teubner, Leipzig. 1897.
  4. E. Bouvy, Poètes et Mélodes, Nîmes, 1886 ; Bardenhewer, Patrol., § 86.